jeudi 20 août 2009

Papua

Festival papou de Baliem, Wamena

Qui d’entre nous n’a pas rêvé de voir un jour ces papous mythiques, leur os dans le nez, leurs corps nus et peints, vêtus seulement d’un étui pénien, cannibales à leurs heures ?
Nous savions que c’est lors du Festival annuel de Baliem qu’on peut le mieux les voir. Pourquoi ne pas y aller et, d’une pierre deux coups, chercher les tout aussi mythiques oiseaux de paradis ?
Claude n’a pas pu faire de photos sur place car ces oiseaux dansaient, chantaient, paradaient très haut dans les arbres. Alors, on est allés les revoir à Bali dans une immense volière présentant des oiseaux de l’Indonésie. D’où ces photos de paradisiers et du pigeon couronné, ainsi qu'une vidéo de parade. Cliquer sur ce lien pour le voir danser. http://youtu.be/sOb-Z9Vt56I 



1. Greater Bird of Paradise 2. Danse nuptiale 3. Twelve-wired Bird of Paradise 
                                           4. Superb Bird of Paradise 5. Victoria Pigeon 

PAPUA

Papua ne peut se visiter en camping-car. Il faut prendre un avion jusqu'à Sentani, une grande ville sur la côte nord, puis un petit tas de ferraille volant de Sentani à Wamena, au centre du pays. Les hôtels sont nettement plus cher que dans le reste de l'Indonésie. La location d'une voiture revient à 300 dollars par jour. Nous, nous louions des motos-taxis pour les petites distances ou nous prenions les autobus. 

En août 2009, nous avons passé 3 semaines en Papua, anc. Irian Jaya, la partie ouest de la Papouasie Nouvelle-Guinée. A l’aéroport, nous faisions la connaissance de Myriam, une française et de son guide. Elle nous proposa de nous joindre à elle pour aller dans des villages hors circuit touristique. Nous avons vécu d’abord dans 2 villages papous de la tribu des Danis qui vit dans une haute vallée du centre.

Nous avons eu la chance d’être au village de Suroba, près de Wamena, le jour d’une crémation. Le guide de Myriam est allé négocier notre présence avec le chef de famille. Malgré la forte influence des missionnaires de tout poil, cette cérémonie n’avait rien à voir avec nos enterrements ! Nous étions nous-mêmes très émus à les entendre chanter leurs mélopées et suivre des rites ancestraux.
   
Les papous sont cousins des aborigènes d'Australie.
 



















Notre premier papou en "costume" traditionnel. La koteka ou étui pénien est le fruit  d'un arbre.

Avec le lien ci-après, vous entendrez les salutations au nouvel arrivant, puis les pleurs des hommes: http://youtu.be/zyQSVPBpKmA





Le mort, en short et Tshirt a été sorti de la case des femmes. 
                                       Il est étendu sur les feuilles et enduit de la graisse du porc.
 
Le mari défunt vient d'être couché sur le bûcher. Vous pouvez entendre les pleurs de tout le village avec ce lien : http://youtu.be/8VM1mDNPfSU 
Demain matin, on coupera un doigt de la main gauche de sa veuve. C'est le prix à payer quand une femme perd un mari ou un fils.

Vivre chez les papous est une sacrée expérience. Nous n’avons jamais été salués aussi chaleureusement ailleurs dans le monde. Lors de nos marches sur des sentiers où aucun touriste ne s’aventurait, nous étions toujours accompagnés par le chef Domi pour éviter que l’on ne trouble les esprits des montagnes. Tous venaient vers nous pour serrer nos mains dans les leurs, et les plus âgés, vêtus seulement de l’étui pénien, nous étreignaient affectueusement en répétant une dizaine de fois le Houa, houa, houa, houa, houa traditionnel de bienvenue. C’était toujours un plaisir d’entendre ce son si particulier qu’ils émettaient aussi quand on leur offrait une cigarette. Par respect, nous n’avons jamais osé les photographier  lors de ces rencontres, ni d’ailleurs, dans les taxis-brousse, les femmes auxquelles il manquait toujours 1-2 ou 3 doigts. Cette expérience parmi les papous  implique que l’on ne soit pas trop regardants sur l’eau sale pour se laver et faire son thé, les blattes et les souris partout, la promiscuité, pas d’électricité, les guenilles dont ils sont vêtus et les odeurs corporelles plutôt fortes dans les transports publics… 

                                                   
                                                        Une balade matinale dans la campagne




Le Festival de Baliem était l’occasion unique pour faire des photos de ces papous dans toute leur splendeur car ils viennent au Festival pour être vus et reconnus. Il a lieu chaque année en début août dans la haute vallée de Wamena. Nous avons vécu 8 jours dans la famille de Domi qui vit tout près. C’est l’occasion pour les tribus alentour de présenter devant un jury ce qui faisait leur vie d’antan, avant l’arrivée des missionnaires et de la police indonésienne.




             
      Remarquez les doigts coupés de cette femme dus à des morts dans sa famille.

Leur vie, c’était des guerres continuelles entre tribus pour s’approprier de nouvelles femmes, des cochons ou des terres, et aussi pour venger les guerriers morts lors de précédentes incursions. Chaque tribu arrive donc au Festival, parée pour impressionner, terrifier les ennemis dans des simulacres de guerre. Ces guerriers sont magnifiques, mais mieux vaut les rencontrer au Festival qu’au fin fond de la jungle. Un guide nous disait que le cannibalisme est encore pratiqué dans des tribus des basses-terres et que des guerres-éclair ont encore lieu avant que la police n’ait le temps d’intervenir.




Dans la vie de tous les jours, seuls les vieux papous revêtent encore l’étui pénien qui est l’enveloppe dure du fruit d’un arbre. Les plus jeunes sont en pantalons, mais souvent portent une couronne de plumes, dernier signe de leur identité papoue. Les femmes ne vont plus du tout seins nus; elles portent des vêtements souvent sales et en guenille. Leur signe distinctif est l’immense sac fourre-tout qu’elles portent sur leur dos.

Simulacre d'attaque


La Papua s’appelait avant 2001, Irian Jaya. En 1962, les colonisateurs hollandais l’ont cédée à l’Indonésie qui la revendiquait malgré les mouvements indépendantistes. C’est un pays en train de perdre son identité. Les indonésiens transmigrent des populations musulmanes de leurs villes surpeuplées, la police interdit toute manifestation tribale, les missionnaires chrétiens les culpabilisent d’être nus comme des sauvages et de ne manger que des patates douces alors que du Coca-Cola et des chips sont à vendre dans les échoppes…
 



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